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Entretien avec Axelle Tran et Cécilia Gaombalet, stagiaires pour le projet “Conditions de mise en œuvre d’un projet translationnel de médecine de précision : Pluri-, inter- ou multidisciplinarité dans le RHU Primus ?”, ayant bénéficié d’une bourse de stage ELIT en 2024

Ces stages ont bénéficié d’un cofinancement du cluster DELPHI (Intelligence artificielle & données de santé).

Marine Ducoin : Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours d’études ?

Axelle Tran : Je suis en 3ème année de médecine et en parallèle je suis en Master 1 de Biologie-Santé. Actuellement, je travaille sur un projet de recherche de Master 1 qui m’a été proposé par deux enseignants de la faculté de médecine : Pierre-Antoine Gourraud et Mathilde Lancelot.  Pierre-Antoine Gourraud est spécialiste en biologie cellulaire, tandis que Mathilde Lancelot est Maîtresse de conférences en philosophie, épistémologie de la médecine.

Cécilia Gaombalet : Je suis en Master 1 Humanités Environnementales à Nantes Université . C’est un Master pluridisciplinaire qui allie les sciences dites « dures », et les sciences humaines. Je me suis spécialisée sur les enjeux climatiques. Avant le master, j’ai effectué une licence de sociologie. J’ai été choisie pour ce stage justement en raison de mes compétences méthodologiques en sociologie, l’objectif du stage étant d’analyser les conditions de collaboration au sein d’un projet pluridisciplinaire dont le but est de développer un outil d’aide à la décision médicale1.

Marine Ducoin : En quoi ce stage a suscité votre intérêt ?

Axelle Tran : Ce qui m’intéressait, c’était le volet sur l’intelligence artificielle ainsi que l’aspect médical du stage et aussi le fait qu’il s’agit d’un nouveau champ de recherche, que je ne connaissais pas du tout. Le fait de travailler en binôme m’a causé une légère appréhension avant le début du stage. Ayant effectué deux années en licence de psychologie, j’avais quelques aprioris sur les étudiants en sciences humaines et sociales.

Cécilia Gaombalet : Ce qui m’a attirée, c’était le fait que ce soit un projet de recherche. Je me suis dit qu’un projet tel que celui-ci ne pourrait être que valorisant pour la suite de mon parcours. Le fait d’être en binôme m’a aussi confortée dans mon choix dans la mesure où je n’ai pas fait d’études de médecine. Certes, j’ai eu quelques cours autour de la santé, mais je ne suis pas spécifiquement renseignée sur le sujet.

Marine Ducoin : Pouvez-vous nous décrire vos missions pendant ce stage ?

Axelle Tran : Les premières semaines du stage2 , le but était surtout de comprendre en quoi consistait le projet, de rencontrer les personnes participant au projet et de voir quelles étaient les disciplines associées. La seconde phase de notre stage consiste à établir une méthodologie pour arriver à avoir des données sur les conditions de collaboration des différents acteurs, via des entretiens, des questionnaires et des observations.

Marine Ducoin : Comment se matérialise l’interdisciplinarité au sein du projet Primus ?

Axelle Tran : Cette dernière se manifeste dans toutes les disciplines qui sont impliquées, nous sommes d’ailleurs en train d’analyser ces collaborations. Nous supposons que cette collaboration existe même si les chercheurs et chercheuses ont des jargons disciplinaires différents. Ils arrivent à créer une synergie pour que le projet avance. Cependant, on suppose aussi qu’il y a des limites à cette interdisciplinarité, que nous tentons de mettre en avant.

Marine Ducoin : Qu’est-ce qui a été formateur dans ce stage ?

Cécilia Gaombalet : Nous sommes amenées à parler avec des chercheurs issus de domaines différents et le fait de pouvoir échanger avec eux, de savoir faire le lien est une opportunité pour le projet.

Axelle Tran :  Être immergée dans un laboratoire de recherche médicale est enrichissant. Effectivement, on rencontre des personnalités inspirantes qui s’expriment sur leurs trajectoires professionnelles. Ce stage me permet de développer ma patience, car je suis en contact avec beaucoup de gens dont les habitudes et fonctionnements sont différents du mien. Cela me permet de m’ouvrir aux autres.

Marine Ducoin : Y a-t-il des axes d’amélioration concernant le stage ?

Cécilia Gaombalet : Je dirais que la liberté qui nous est accordée dans notre stage constitue à la fois un point positif majeur, mais cela peut aussi faire peur au début car nos référents ne sont pas constamment derrière nous pour nous dire quoi faire. On nous laisse beaucoup d’autonomie.  Je dirais même que cela renforce notre binôme, car nous sommes obligées d’échanger très souvent, de comprendre les forces et faiblesses de chacune, de s’épauler. C’est très formateur. Je ne m’attendais pas à cela en venant dans un laboratoire de recherche en médecine. Je pensais que les gens seraient plus stricts. J’avais comme image des études de médecine cet aspect très compétiteur dès la première année. Il y a une certaine hiérarchie entre les spécialités que tu choisis, et je m’étais dit que nous, en tant que stagiaires, nous allions être considérées comme le bas de l’échelle. Alors que dans la réalité c’est tout l’inverse. Les chercheurs ont vraiment cette envie de transmettre ce qu’ils font. C’est ce qui me plaît dans ce stage.

Axelle Tran :  L’un de nos maîtres de stage a dit que l’objet de recherche de notre stage méritait une thèse, alors que nous, nous avons seulement trois mois à y consacrer. Nous avons des objectifs à atteindre, qui certes ne sont pas gargantuesques, mais qui nécessitent du temps et une vraie réflexion.  Trois mois, cela semble bien assez long au début, puis petit à petit quand on lit les documents que l’on nous transmet, des questions liées entre autres à l’interdisciplinarité émergent. Qu’est-ce que c’est ? Sous quelle forme cette dernière se matérialise-t-elle dans ce projet de grande envergure ? C’est une question un peu philosophique qui mérite des mois et des mois de recherche. L’année dernière un stagiaire a effectué son stage auprès du réseau ELIT et il avait fait un stage de plusieurs mois sur le thème de l’interdisciplinarité. Et nous, on a trois mois pour analyser l’interdisciplinarité, et les collaborations interdisciplinaires au sein d’un projet d’une grande envergure. De plus, je pense qu’il nous manque des connaissances. Peut-être faudrait-il transmettre un peu de littérature et des ressources aux stagiaires en amont de leur stage. Je comprends l’intérêt des SHS dans le stage, toutefois, cela reste un domaine nouveau pour moi. Selon mes maîtres de stage, il vaut mieux arriver avec un œil naïf sur le projet.  C’est donc à la fois une force et un aspect restrictif à mon avis

Marine Ducoin : Et aujourd’hui, après plusieurs semaines de stage, quelle définition donneriez-vous de l’interdisciplinarité ?

Axelle Tran : Ce matin, nous nous sommes penchées sur les définitions mais même si c’est tout « frais » dans notre esprit, j’aurais du mal à formuler une définition en me détachant d’un texte que je viens juste de lire. Pour moi, l’interdisciplinarité est une sorte de collaboration extrêmement poussée qui vise à comprendre ou gérer un phénomène très complexe. Par plusieurs points de vue et en dépassant les limites de chaque discipline. Je pense que l’interdisciplinarité va se jouer sur la complexité de l’objet analysé. Si l’objet est assez simple, c’est facile de juxtaposer les disciplines et de prendre ce qu’il y a de bon dans chacune et d’en faire une globalité. Quand l’objet est vraiment complexe, on est obligé de prendre des langages qui viennent d’autres disciplines, de les intégrer dans sa compréhension et de les replacer dans le cadre de l’objet qu’on étudie.

Antoine Gabriel : Vous en êtes à la deuxième phase de votre projet, est-ce qu’il y a déjà des clés ou des outils qui ressortent de vos recherches ? Est-ce que vous avez un déroulé clair de votre stage ?

Axelle Tran : Il y a un fil conducteur (la littérature en premier, appréhender le projet, son fonctionnement, ses enjeux, ses objectifs puis découvrir les différents acteurs et prendre contact avec eux. Enfin élaborer le questionnaire et le diffuser et en même temps, je pense qu’il y a des allers-retours constants. En effet, la littérature nous aide à appréhender les difficultés que nous rencontrons en interrogeant des chercheurs ou en créant le questionnaire. Actuellement nous attendons les réponses au questionnaire, donc on revient à la littérature.

Entretien réalisé le 5 Juin 2024 à 10h, par Marine Ducoin et Antoine Gabriel, étudiants-stagiaires auprès du réseau ELIT (de juin à juillet 2024). La transcription des entretiens a été réalisée à l’aide du logiciel Whisper, via Sharedocs (https://www.huma-num.fr/). Nous remercions la plateforme Huma-Num Loire (https://msh-ange-guepin.univ-nantes.fr/laccompagnement-a-la-recherche/huma-num-loire) pour son appui.

  1. Porté par le CHU de Rennes, le projet de recherche PRIMUS (Projection in Multiple sclerosis) vise à mettre au point un service unique d’aide à la décision médicale pour améliorer et homogénéiser la prise en charge des patients atteints de sclérose en plaques. Plus d’informations []
  2. Afin d’accompagner l’émergence de projets et collaborations interdisciplinaires associant les SHS aux sciences de l’ingénieur et/ou de la santé autour des enjeux de la santé et de l’industrie du futur, le réseau de recherche ELIT soutient des projets interdisciplinaires au travers d’un dispositif de bourses de stage pour des étudiant·e·s en M1 ou M2  []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
GABRIEL Antoine (18 juillet 2024). Entretien avec Axelle Tran et Cécilia Gaombalet, stagiaires pour le projet “Conditions de mise en œuvre d’un projet translationnel de médecine de précision : Pluri-, inter- ou multidisciplinarité dans le RHU Primus ?”, ayant bénéficié d’une bourse de stage ELIT en 2024. ELIT (Elaborating Interdisciplinarity with SSH). Consulté le 21 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/121rz


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